Avortement: haro sur les bigots!

Bien qu’il fasse moins d’audience que le coronavirus, c’est le feuilleton de l’été : le débat sur l’avortement au Parlement Belge. La RTBF rappelle les buts de la révision de la loi dans son énième article sur les blocages des CDH, CD&V, N-VA et VB. Ils se résument en trois points : dépénalisation, le délai de réflexion passe de 6 à 2 jours et enfin le passage de l’autorisation de l’IVG de 12 à 18 semaines. De plus, il y a un mouvement général en Europe, voire dans le monde. Le droit d’avorter régresse1.

Dans mon coup de gueule, je ne vais pas revenir sur les avis du personnel soignant. Je pense que chez eux aussi, le débat est tronqué par le spirituel, le bien-pensant et le paternalisme. D’un point de vue scientifique, c’est probablement le délai de 12 à 18 semaines qui doit être débattu. Comme le rappelle le docteur Dominique Roynet le 27 novembre 2019 au micro de la RTBF, il faut des autres moyens, car nous parlons d’un fœtus de 4,5 mois. C’est bien cet angle qu’ont également choisi les 750 signataires qui demandent l’abandon de cette loi.

D’un point de vue médical, je le conçois, cela doit être débattu. Pourtant, on oublie le principal : la DÉPÉNALISATION. Nous sommes en 2020, bordel ! Chers lecteurs, excusez-moi, pour le ton colérique, mais je ne comprends vraiment pas comment cette loi ne passe pas. Le député qui a eu la brillante idée de vouloir allonger le délai de 12 à 18 semaines doit se demander s’il a bien fait… À savoir que cela est logique, vu qu’aux Pays-Bas, l’avortement se réalise jusqu’à 22 semaines. Les plannings familiaux de Belgique envoient d’ailleurs les patientes au-delà de la frontière en cas de dépassement2.

Bonjour,

Concernant l’allongement du délai légal de 12 à 18 semaines, il s’agit d’une demande qui émane de plusieurs acteurs.

D’abord, du terrain (chaque année environ 500 femmes sont envoyées aux Pays-Bas car elles ont dépassé le délai légal des 12 semaines dans lequel il était possible d’avorter en Belgique avec toutes les difficultés que cela implique humainement et financièrement). D’ailleurs lors des auditions sur le sujet, plusieurs acteurs se sont positionnés sur le sujet (je vous invite à aller consulter les auditions). Ensuite, il s’agit également d’un compromis entre les différents partis ayant déposé une proposition de loi sur le sujet (dossier qui est sur la table depuis plusieurs années). Certains partis ont demandé un allongement du délai plus long, d’autres plus court, etc. Les partis ayant déposé une proposition de loi se sont donc arrêtés sur un délai.

A noter aussi que le délai de 18 semaines est exercé en Suède (voir à ce propos le texte de Gisèle Halimi « La clause de l’Européenne la plus favorisée » qui définit le modèle suédois comme étant un exemple en matière de droits sexuels et reproductifs notamment en matière d’IVG).

Bien à vous,

Eloïse Malcourant, chargée communication et responsable éducation permanente.3

Dans leur arguments, les 750 signataires rappellent qu’ils n’ont plus accès aux statistiques depuis 7 ans. Effectivement, la première recherche Google me renvoie vers des stats de 2015 concernant l’année 2010. D’après moi, une phrase publiée dans cette étude4 devrait pousser au passage de cette loi :

Les principaux motifs évoqués pour le recours à une IVG sont les raisons personnelles (80,4%), les problèmes de couples ou familiaux (36,5%) et les raisons financières ou matérielles (22,6%).

santé Wallonie

Je pense que tout est dit. Le recours à l’IVG relève d’un choix personnel ! Qui sommes-nous pour juger la personne qui décide pour elle-même ? Si une personne a des problèmes familiaux ou d’argent, vous pensez sincèrement que l’arrivée d’un enfant va l’aider ? Non, loin de là. Ce matin, une phrase dans l’article de GQ sur les risques érotiques et les regrets, m’a renvoyé au débat :

Le plus court chemin vers la pauvreté, pour une jeune femme, c’est de se marier tôt, d’avoir des enfants, sans pouvoir se consacrer à sa carrière, et de risquer un jour de se retrouver seule.

Candace Bushnell

À l’instar de Candace Bushnell5, arrêtons de faire miroiter que le choix pro-vie peut paraître « romantique ». Il peut surtout être désastreux. L’avortement ne concerne pas seulement les jeunes femmes me direz vous. Ce choix de la romance peut pourtant être vrai à tout âge. En Wallonie, en 2010, la moyenne d’âge pour l’IVG est de 27 ans6.

La personne qui estime avoir un problème en étant enceinte doit être soutenue. Elle doit pouvoir choisir de ne pas se retrouver avec des problèmes en plus. C’est ça le plus important. Vous pensez sincèrement qu’une femme qui choisit l’IVG le fait par plaisir? Nous savons tous qu’il y a un avant et un après. Alors, soyons avec elle et respectons son choix !

Lorsque j’entends que les partis catholiques, du moins ceux avec un électorat catholique, décident de renvoyer constamment la patate chaude au Conseil d’État, je ne peux que bondir. Ils prennent même la loi en otage contre la formation d’un gouvernement. Pensent-ils un seul instant à la femme qui décide de son propre corps ?

Non, ils sont encore dans la punition biblique.

Tu as pêché, sale putain que tu es ! Dieu t’as donné la chance de pouvoir procréer alors que tu as préféré les plaisirs de la chair alors aime ton enfant comme il se doit pour ne pas finir en enfer.

Je peux éventuellement me pencher sur le cas des phallocrates qui estiment que cracher leur sperme pour féconder est un honneur, surtout s’ils n’ont pas les emmerdes. Cependant, je ne parviendrai jamais à comprendre les femmes qui s’acharnent sur le sort des femmes qui ont décider d’avorter. C’est leur choix. Personne n’a à intervenir dans ce choix. Personne.

Évidemment, il est plus simple d’expliquer que le Bon Dieu, dans sa grande Bonté, à offert une petite fleur par laquelle un gentil bébé tout mignon et tout adorable va sortir. Je rappelle que le créateur a également offert un clitoris, un vagin et d’autres parties extrêmement sensibles qui permettent d’avoir de magnifiques orgasmes. C’est beaucoup plus mystique que n’importe quelle prière.

Pour comprendre cela, il faudrait que les grenouilles de bénitier décident de se raser la touffe et se regarder la chatte dans le miroir, car elles aussi ont tout ce qu’il faut pour jouir pleinement. Que les plus gros connards qui ne pensent qu’à leur plaisir en donnant de la douleur sont les pédophiles qui leur enseignent la morale7. Effectivement, c’est probablement moins grave de cracher sa semence au fond d’une femme sans se soucier d’elle, mais quand même, nous sommes en 2020 !

Je me rends compte que j’incite à la débauche, que je voudrais que toutes les femmes puissent jouir de l’orgasme multiple à chacun de leurs ébats sans devoir se soucier de tomber enceinte. C’est tout de même un combat qui ne date d’hier. Nous retrouvons des traces de contraception déjà à l’Égypte antique, pourtant, bien que je sois favorable à une société libertine, le débat n’est pas dans le plaisir sexuel, mais dans la liberté.

La liberté de chacune de choisir son avenir. Je mets bien au féminin singulier, car le choix de l’IVG revient in fine à la femme qui a été fécondée. Rien ne peut venir entraver cette liberté ! Rien. « Trop conne ? », pardon mais elle a été à l’école assez longtemps. « Son mari ou son père doit décider ? », nous sommes en Belgique en 2020. « C’est une pécheresse ? », depuis quand se donner à l’autre dans l’acte de faire l’amour est un pêché?

Il faut uniquement penser à la Liberté avec une majuscule. Alors, les bigots et autres bien-pensants, gardez vos idées dans la sphère privée. La société se charge de défendre la liberté de chacune des femmes à faire ses propres choix. Afin que si quelqu’un de votre entourage décide de s’échapper de votre emprise pour pratiquer l’IVG, elle y soit autorisée.

Aujourd’hui encore, si une femme fait le choix de se faire avorter, le personnel médical risque le pénal après 12 semaines. Donc, nous envoyons, ces femmes vers d’autres cieux plus cléments… M’enfin, les cathos, c’est pas votre ciel qui est censé être le paradis ? Alors, dépénalisez pour l’amour de votre Dieu. En 2020, les femmes devraient être libres.

Chaque femme doit être libre. Il n’y a pas d’autre alternative.

  1. https://www.laliberte.ch/news-agence/detail/le-droit-des-femmes-a-avorter-regresse-en-europe/418626 []
  2. https://www.planningsfps.be/nos-dossiers-thematiques/dossier-interruption-de-grossesse-ivg/ []
  3. planning sfps []
  4. d’après le rapport de santé Wallonie []
  5. Sex and the City []
  6. toujours dans le même rapport []
  7. oui, j’ai osé la comparaison []

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